Les nuits chaudes de Bangkok n’ont d’égales que les journées torrides et les rencontres improbables.
Que cherche-t-on en venant à Bangkok? Le dépaysement, les plaisirs faciles, les opportunités? Un peu tout ça en fait. Nous ne sommes personnes et pourtant nous nous croyons les rois du monde, c’est si facile!! Si l’on n’est pas attentif, très vite on peut se laisser entraîner par la Fièvre de Bangkok.
La fièvre
Il règne à Bangkok une sorte de fièvre flegmatique, un vent de paresse béate qui vous entraîne dans la vie nocturne agitée et sulfureuse et qui vous pousse également à la paresse béate la journée. Il faut bien éponger les excès de la nuit!!!
On vient à Bangkok d’abord pour souffler un coup, pour des vacances, surtout quand on vient de la lointaine Europe (où il fait un froid de bête). Toutefois, il ne faut pas se laisser brûler par cette fièvre qui fait que l’on a envie de faire la fête tous les soirs. Ceux qui réussissent dans l’affaire, ce sont ceux qui ont su jouer un peu sur les 2 tableaux liant les sorties et le travail.
Les pierres ou les bijoux ?
Bangkok réserve aussi d’autres trésors, d’un point de vue gemmologique, c’est un paradis, un régal pour les yeux, une fascination constante. En effet, Bangkok est une plaque tournante pour les pierres. Toutes les pierres quasiment passeront au moins une fois dans leur vie par Bangkok.
Pour voir des pierres, il faut être sur Silom, là, les bijouteries abondent, les fournisseurs de pierre également. Certaines choses ont changé, certaines boutiques ont fermé, d’autres se sont ouvertes
Peu à peu, en s’approche du JTC, le « Jewelry Tower Centre », l’endroit incontournable et obligatoire quand on est gemmologue et que l’on vient à Bangkok. Je pourrais y passer mes journées à arpenter les allées et les étages, on en a plein les yeux. La fièvre monte d’un cran, et dés l’entrée on est projeté dans un monde féerique ou les plus belles pièces côtoient les plus rustiques. Tout le monde s’affaire, regarde, compare, prend des notes, des sommes s’échangent toutefois toujours dans la plus grande discrétion.
Les torrents de passion qui peuvent se déclencher à la vue d’une pierre sublimissime : une Paraiba à la couleur phénoménale, un Ceylan de l’eau la plus pure, un Birman à couper le souffle … reste intérieure, seul l’œil brillant, le pouls qui s’accélère peuvent être des signes. Il faut un œil exercé et attentif pour déceler ces petits signes. En effet si l’on montre trop d’enthousiasme, les prix auront un peu tendance à s’envoler. Bien sûr, personne n’est réellement dupe d’une telle stratégie.
Plus on avance dans le JTC et plus on bascule dans une autre dimension, une sorte d’irréalité. On voudrait tout regarder (pas forcément tout acheter d’ailleurs), prendre le temps d’admirer chaque pierre précieuse, ou… fine, ou … ornementale, ou … gemme, ou … tout à la fois. On ne sait plus trop, la fièvre nous gagne.
Très vite, toutes les pierres dansent devant les yeux, on s’approche alors d’autres stands qui vendent des bijoux, des bagues, des pendentifs, des boucles d’oreille. Là, à nouveau on bascule dans une autre époque, il y a de tout et pour tous les goûts, du plus classique, simple et chic au plus fantaisiste comme par exemple une bague pour deux doigts surmontée d’un quartz rutile avec des fioritures autour de la pierre. Le genre de bague qui vous scotche au comptoir tellement elle est lourde, mais ça en jette, si on a la force de la porter…
D’autres qui ont des allures de bijoux ethniques, comme par exemple un brut (une géode de quartz par exemple) monté en bague avec bien sûr quelques fioritures autour pour faire bonne mesure.
La GemFair
Autre moment incontournable pour un gemmologue égaré à Bangkok. Le rendez-vous bi-annuel de toutes les pierres, gemmes ainsi que tout ce qui s’y rapporte de prés ou de loin.
On pouvait penser qu’avec le JTC, déjà on avait basculé dans un autre monde, mais là… c’est direct dans une autre dimension. Le JTC n’était que l’entrée en matière, l’apéro en somme. Là, c’est du sérieux.
Pour ceux qui sont allés sur les salons à Paris par exemple ou en province, même à Ste-Marie, cela n’a rien à voir, là on est vraiment dans la cour des grands. C’est la démesure, l’abondance… on en avait plein les yeux au JTC, mais là, les 4 jours sont à peine suffisant pour totalement assimiler tout ce que l’on voit.
Les étales regorgent de pierres toutes plus belles les unes que les autres. Que ce soit des pierres taillées ou du brut, les étales sont impressionnants.
Il y a des stands réservés à une pierre telle que le rubis ou la tanzantie, ou encore le grenat vert (tsavorite). Bien sûr, le diamant n’est pas en reste et garde une place de choix avec plusieurs compagnies représentées. Partout, c’est étalage, étalage. On en a plein les yeux.
L’espace est grand, les allées larges, tout est sous vitrine proprement installé. Le décorum est important, nous sommes dans le domaine du luxe, et donc cela doit être bien présenté. C’est ce qui m’a frappé la première fois, comparé à Paris par exemple. Le salon de Paris fait « amateur », alors que celui de Bangkok fait professionnel. Ne serait-ce que les vitrines, toutes pareilles. Nulle part il y a des tables avec tréteaux recouvertes d’un vague tissu. A Bangkok, on ne bricole pas. Chaque stand est une petite boutique à soi tout seul.
On peut dire que Bangkok rend fiévreux, chacun y trouvant sa propre fièvre selon ses gouts et ses aspirations, mais l’élément déclencheur est bien là !!
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2 réflexions sur « Dans la chaleur de Bangkok, sulfureux ou idée reçue ??? »
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Bravo ,intéressant,bien écrit !
Aurais tu trouvé ta voie ?
Maintenant j’attends que tu écrive carrément sur les pierres que tu rencontres!!!
Je suis très contente pour toi.
Félicitations pour cet article passionné et haut en couleurs.